Comment bien rédiger un protocole de test utilisateur pour réussir son étude non modérée ?
Les enjeux des tests non modéré
La création d’un protocole de test utilisateur non modéré est une étape clé pour collecter des données fiables et exploitables afin d’améliorer l’expérience utilisateur (UX) de votre produit.
Contrairement à un test modéré, où un facilitateur guide le test et accompagne le participant à chaque étape, les participants dans les tests non modérés sont autonomes et livrés à eux-mêmes.
Dans ce contexte, la rédaction du scénario de test doit être pensée au millimètre près. Il y a plus de chances de perdre ou désorienter le testeur si le protocole est mal rédigé, ce qui compromet la validité du test et peut dégrader la qualité de l’ensemble des insights récoltés.
Si les instructions et les tâches sont floues ou difficiles à suivre, il y a un fort risque que le test soit incomplet ou inutilisable pour l'analyse. Cela serait contre-productif, car l'un des principaux avantages des tests non modérés est justement de gagner du temps et d'obtenir des retours rapides !
Dans cet article nous allons vous donner des conseils sur les erreurs à ne pas faire pour un test réussi et des insights qualitatifs !
Qu’est-ce qu'un protocole de test en UX ?
Globalement, c’est un document qui peut être sous n’importe quel format (excel, word) ou directement dans la plateforme de tests non modérés qui détaille toutes les consignes et les tâches à suivre lors d’une étude utilisateur (modérée ou non modérée). Il s’agit d’un guide qui permet de s’assurer du bon déroulement de ces entretiens, en définissant les objectifs de ce que vous souhaitez tester, les tâches à réaliser aux utilisateurs recrutés, les consignes à donner aux participants.
Entretien directif vs Entretien semi-directif
Lors de la préparation de vos tests utilisateurs, en particulier dans le contexte des tests non modérés, il est essentiel de bien choisir la méthode d’entretien.
L’une des distinctions importantes à faire réside dans les approches directif et semi-directif, qui influencent la manière dont les participants interagiront avec le test.
- Entretien directif
L'entretien directif repose sur des questions fermées et très précises. L’objectif est de guider l’utilisateur de manière stricte pour obtenir des réponses claires et mesurables. Elle est utile pour valider des points spécifiques, mais offre peu de place à des retours détaillés
Exemples :
- "Cliquez sur le bouton 'ajouter au panier en bas de la page'."
- "Avez-vous trouvé facilement le bouton de commande ? Oui/Non"
- Entretien semi-directif
Dans un entretien semi-directif, les questions sont souvent ouvertes et permettent aux utilisateurs d’exprimer leurs pensées et impressions de manière plus libre. L’avantage principal de cette méthode de test, elle offre plus de flexibilité et d'expression spontanée. Elle permet de recueillir des insights riches et nuancés, essentiels pour des tests non modérés.
Exemples :
- "Que pensez-vous de la disposition des informations sur cette page ?"
- "Trouvez l’article suivant et arrêtez-vous une fois que vous l'avez trouvé.”
👉 Pour les tests non modérés, on privilégiera l’approche semi-directive pour maximiser la qualité des retours.
Les étapes de la rédaction d’un protocole de test utilisateur
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Définition de vos objectifs
Cette étape permet en amont de prioriser les éléments que vous souhaitez évaluer afin de ne pas partir dans tous les sens et avoir une ligne directrice de votre futur test pour orienter les testeurs.
En effet, il sera difficile de vouloir tout tester, cela serait contre productif. (voir les 24 idées de tests utilisateurs)
Quelques questions que vous vous poser ?
- Quelles sont les hypothèses que vous souhaitez valider ?
- Quels sont les résultats attendus (quantitatifs, qualitatifs) ?
- Quels aspects du produit ou service souhaitez-vous tester ? (le menu ? des fonctionnalités ?
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La cible
Recrutez des participants qui correspondent à votre persona cible ou à votre base d’utilisateurs. Une cible mal définie peut fausser les résultats, car les retours d’un testeur ne correspondant pas à votre cible principal seront moins pertinents.
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Rédiger vos consignes et tâches
Il est essentiel de prêter une attention particulière à la formulation de vos consignes et questions pour éviter tout biais. Les questions biaisées peuvent inciter involontairement le participant à donner une réponse conforme à ce que vous attendez, ou bien rendre la réponse trop évidente. Cela compromettrait la pertinence des résultats obtenus.
👉 N’oubliez pas de contextualiser en introduisant brièvement le test au participant.
« Nous souhaitons comprendre comment vous utilisez notre application pour effectuer certaines tâches courantes. Suivez les instructions pour chaque tâche, et partagez vos réflexions à haute voix si possible. »
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Choisir les outils pour implanter le protocole
Choisissez un outil de test non modéré qui correspond à vos besoins. Voici quelques critères à considérer :
- La possibilité d’enregistrer les écrans et les interactions.
- L’ajout d’étapes claires pour guider les participants.
- Des options de collecte de feedback qualitatif (vidéo, audio) et quantitatif (temps, clics).
De nombreux outils permettent d’effectuer des tests à distance, notamment :
Outils d’enregistrement vidéo : Userlynx
Enquêtes ou formulaires : Google Forms, Typeform, UserlynX
Les + UserlynX :
La plateforme UserlynX vous permet de concevoir votre protocole sur mesure aussi bien pour des études qualitatives que quantitatives. Vous pouvez donner des tâches à effectuer, des questions à répondre oralement, des questions choix multiples ou simples, des notes, des questions ouvertes écrites, ... Mais surtout vous pouvez adapter le protocole selon les réponses des testeurs via des conditionnelles. On se rapproche d'un test modéré ou selon la réponse ou la réussite ou non à une tâche, le protocole adapte les questions suivantes.
Et la plateforme propose également des questions et des questionnaires types (que vous pouvez adapter) pour vous inspirer.
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Prétester et valider
Avant de déployer le test, effectuez un test pilote avec 1 à 2 participants. Cela vous permettra de repérer et corriger d’éventuelles ambiguïtés dans le protocole.
Exemple de points à vérifier :
- Les consignes sont-elles faciles à comprendre ?
- Les tâches sont-elles réalisables sans guidance ?
- Le test répond-il aux objectifs définis initialement ?
10 bonnes pratiques pour un test non modéré réussi
Ce qu’il faut savoir : Dans un test non modéré, les participants ne peuvent pas poser de questions en cas de doute. Les consignes doivent donc être simples, précises et compréhensibles. Il faut prendre en compte que les réponses données par les testeur ne pourront pas rebondir. (voir les 25 exemples de questions à poser en test UX)
1. Évitez de poser trop de question
Un protocole trop long risque de décourager les participants. Des facteurs extérieurs ou une baisse d’attention peuvent réduire leur engagement, augmentant ainsi les risques d’abandon ou de réponses données à la hâte, sans réelle réflexion.
Exemple : Priorisez les objectifs essentiels du test. Découpez vos tests en plusieurs sessions courtes, chacune ciblant un aspect spécifique (par exemple : navigation, recherche de produits, processus de commande).
2. Évitez les formulations suggestives
Les questions ou instructions ne doivent pas orienter le participant vers une réponse spécifique. Utilisez un langage neutre et objectif. Le biais
Exemple à éviter :
- "Le bouton 'Acheter maintenant' est-il facile à trouver ?" (suggère que le bouton devrait être facile à trouver).
Formulation neutre :
- "Quel effort avez vous dû fournir pour trouver cette fonctionnalité ?"
3. Posez des questions ouvertes
Privilégiez des questions ouvertes qui permettent aux participants de partager leurs pensées librement, sans être influencés par les options proposées.
Exemple à éviter :
- "Ce design est-il moderne ?" (implique un jugement sur la modernité).
Formulation recommandée :
- "Que pensez-vous du design global de cette page ?"
Les questions ouvertes encouragent des réponses détaillées et spontanées, riches en insights qualitatifs.
4. Évitez les biais de confirmation
Ne cherchez pas à valider une hypothèse préexistante dans vos questions ou consignes. Soyez prêt à entendre des retours inattendus, même s’ils remettent en question votre design ou produit.
Exemple à éviter :
- "Est-ce que cette fonctionnalité améliore votre expérience ?" (prend pour acquis que la fonctionnalité est utile).
Formulation neutre :
- "Comment cette fonctionnalité a-t-elle impacté votre expérience ?"
5. Fournissez un contexte suffisant
Les participants ont besoin de comprendre l’objectif général du test sans que cela n’influence leurs réponses. Pour une meilleure projection de la part du participant, donnez un cadre clair, mais évitez de leur dire ce que vous attendez comme résultat.
Exemple à éviter :
- "Nous voulons savoir si le design est assez intuitif pour passer commande."
Formulation recommandée :
- "Vous allez naviguer sur ce site pour accomplir certaines tâches. Suivez simplement les consignes et décrivez ce que vous faites."
6. Intégrer des scénarios réelles
Pour que ça soit plus engageant pour les participants, rajouter dans les consigne des situation concrète à se projeter dans des situations concrètes en utilisant des scénarios réalistes. Cela les aide à mieux comprendre les tâches et à fournir des retours plus pertinents.
Exemple :
"Imaginez que vous cherchiez une robe qui vous plaît, mais vous voulez vérifier si elle existe en rouge. Comment procéderiez-vous ?"
7. Anticiper des instructions de secours
Dans le cadre des tests non modérés, les participants ne peuvent pas poser de questions en temps réel. En cas de difficulté sur une tâche, pensez à des instructions de secours pour ne pas le perdre dans le déroulement du scénario prévu. Cela peut inclure des conseils généraux sur la façon de résoudre des problèmes courants sans induire la réponse, ou des indications pour reprendre le test si un problème technique survient, ou le rediriger automatiquement.
Exemple :
- "Si vous n’avez pas trouvé la page demandée, dirigez vous à l’onglet ...”
8. Encouragez la réflexion à voix haute
Invitez les participants à exprimer leur pensée pendant qu’ils réalisent les tâches. Même si cela n'est pas directement possible dans un test non modéré, vous pouvez les encourager à noter ou à partager leurs pensées à chaque étape.
Exemple :
- "Que pensez-vous de cette page catégorie ? Commentez à haute-voix”
9. Posez des questions simples et distinctes
Il est important de poser des questions claires et distinctes pour éviter de mélanger plusieurs demandes en une seule. Cela permet de s'assurer que le participant répond précisément à chaque aspect sans confusion.
Exemple à éviter :
"Quelles fonctionnalités du site trouvez-vous faciles à utiliser et lesquelles trouvez-vous difficiles ?" > Cette question mélange deux aspects et peut rendre la réponse floue.
10. Respectez le temps du test
Le respect du temps des participants est essentiel pour maintenir leur engagement et éviter des réponses précipitées. Un test qui dépasse la durée prévue peut entraîner de la frustration et nuire à la qualité des réponses. Il est donc important de respecter le temps alloué pour chaque test afin de garantir une expérience agréable pour les testeurs et obtenir des retours réfléchis.
Conclusion
Les tests non modérés sont une méthode rapide et efficace pour recueillir des retours utilisateurs, mais leur succès repose sur un protocole clair et bien structuré. Prenez le temps de définir vos objectifs, de rédiger des consignes précises et engageantes, et d’intégrer des scénarios réalistes pour aider les participants à se projeter.
N’oubliez pas les biais potentiels, comme le biais de confirmation ou les biais cognitifs des participants qui pourrait induire les testeurs en erreur mais plutôt privilégier des questions neutres et ouvertes. Cela garantira des insights de qualité pour améliorer l’expérience utilisateur et l’analyse.